lundi 19 mars 2012

L'entrée dans le cadavre (grong 'jug)






Présentation
Les instructions qui décrivent le processus d’entrée de la conscience dans un corps (c’est-à-dire un cadavre) appartiennent selon certains à ce que l'on désigne comme les “Formules Furieuses” (drags sngags), c’est-à-dire à des techniques méditatives et rituelles très particulières et relevant de pratiques courroucées. 

Selon les textes Kagyüpa, la pratique de Drongjuk (grong 'jug) ou Entrée dans le cadavre a été introduite au Tibet par Marpa Chökyi Lodrö (1012-1096), traducteur célèbre qui s'est présenté à la postérité comme un disciple de Naropa (Davidson a depuis démontré que ce n'était pas le cas). Son fils, Dodepa, mort prématurément, aurait été le seul récipiendaire des instructions secrètes du Drongjuk, mais n'aurait pu les transmettre avant son décès inopiné.

L'histoire présentant ainsi la disparition "définitive" de la pratique du Drongjuk est peut-être une affabulation. Elle ne cadre en tout cas pas avec la survivance de cette pratique dans les traditions Bönpos, Nyingmapas et même Kagyüpa. Affirmer cette disparition est donc une vue de l'esprit, pas une réalité.

Il y a deux modalités fondamentales à la pratique de l'Entrée dans le cadavre: la première, dite commune, s'adresse aux yogis de capacités ordinaires, encore loin de l'atteinte du fruit.  La seconde, qualifiée de suprême, s'appuie entièrement sur les recueillements méditatifs auxquels l'adepte accède grâce aux Phase de Développement et de Perfection. Elle n'exige paradoxalement pas de cadavre car c'est le corps de l'adepte qui va être revitalisé et "transmuté" grâce aux arcanes de la Phase de Perfection.

L'adepte exécute ainsi sur lui-même un rite méditatif destiné à le transfigurer en sa divinité tutélaire et dans ce cas, l’Entrée dans le Cadavre diffère assez peu des instructions sur le Transfert de conscience (‘pho ba), raison probable qui lui a valu d’être transmise parfois simultanément avec la pratique du Transfert. 

Référence
—“L’Entrée dans le cadavre”, in Jean Servier (éd.), Dictionnaire critique de l’Esotérisme, Puf, 1998,  p. 475-476.

Référence complémentaire
Voir l'excellente entrée sur ce même thème dans le blog de Dan Martin, que l'on peut lire en cliquant sur le lien suivant :


http://tibeto-logic.blogspot.fr/2007/04/emergency-death-meditation-known-as.html

4 commentaires:

  1. Dear Mr. Achard, Would you be so kind to explain the relationship between grong 'jug and las kyi phyag rgya - like practices? Is there any connection or only the descriptions are usually in the same text? Thank you.

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  2. Hello, these are two completely different practices. The grong 'jug is a kind of transfer of consciousness into another body. The practice using a karmamudra (las kyi phyag rgya) involves the yoga of the third initiation and the practice with a consort.

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  3. Dear Mr. Achard, Thank you for your reply. I think am somewhat aware of the different purpose and background of those practices. My question was related to that some karmamudra texts apparently accompanied by grong jug exercise descriptions. Do you know why are they appear together in those materials?

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